INTERVIEW : Alexandre Reard 'Mes résultats actuels, c'est le travail qui paye'


INTERVIEW : Alexandre Reard 'Mes résultats actuels, c'est le travail qui paye'

Entretien avec Alexandre Reard, l'homme en forme du moment et leader de notre classement LivePoker.


Début d'année en fanfare pour Alexandre Reard ! Le Team Pro Poker&Associés s'est emparé de la première place de notre classement LivePoker après une série exceptionnelle de performances : le Francilien est passé tout près d'un triplé DSO après sa place de runner-up au DSO Cannes début mars (pour plus de 25 000 euros), avant d'enchaîner avec une deuxième place du High Roller du Winamax Poker Tour (pour près de 70 000 euros) et la 14e place du Main Event WiPT (7 500 euros), soit plus de 100 000 euros en à peine une semaine. Entretien avec l'homme en forme du moment.
 
Vous êtes actuellement premier du classement LivePoker. Que vous inspire cette place?
 
C'est quelque chose que je regarde car, à partir du moment où on décide de jouer des tournois, c'est aussi pour l'aspect compétitif. Bien sûr que ça fait toujours plaisir. Pour un joueur comme moi, non sponsorisé, c'est difficile de rester premier jusqu'à la fin donc c'est un peu éphémère. Je suis content mais je pense que ça ne sera pas tenable jusqu'à la fin de l'année.
 
Ce début d'année 2017 a été particulièrement réussi pour vous. Comment expliquer ces peformances ?
 
J'ai pas mal travaillé mon jeu depuis quelques mois donc j'ai envie de dire que c'est le travail qui paye. Clairement, j'ai eu plus de réussite ces derniers temps dans les coups clés. Sur le High Roller WiPT et le DSO Cannes, les tapis pré-flop couverts sont passés, ça fait forcément la différence et peut-être que je n'ai pas eu cette réussite dans les mois passés. J'ai vraiment beaucoup travaillé mon jeu et je suis content de voir que ça porte ses fruits.
Je joue sur le circuit depuis 2011, du moins j'ai commencé à jouer régulièrement en live hors de l'Aviation Club de France depuis cette période, et je suis devenu professionnel en 2013. Cela fait longtemps que j'ai des résultats corrects. Là ce qui est assez fou c'est que ce soit en l'espace de si peu de temps. C'est pour ça que je pense qu'il y a quand même beaucoup de réussite dans ces résultats aussi proches. J'ai particulièrement travaillé l'aspect mental qui est l'une de mes principales faiblesses, j'ai continué à travailler la technique aussi. Je me suis senti vraiment à l'aise, la confiance vient avec et c'est quand même une part non négligeable dans ton jeu.
 
Comment faites-vous pour travailler votre jeu ? Quelle part prend le online dans votre quotidien ?
 
Je joue beaucoup online. Je viens du live donc je ne multitable pas énormément. Je joue environ 4 à 5 tables en même temps à raison de cinq fois par semaine. J'ai un tracker qui me permet de faire des review, de reprendre main par main les coups joués et d'analyser. Je regarde seul mais j'essaye d'être vraiment critique. Je rediscute parfois de mains avec des amis aussi. Mais 90% du travail je le fais solo.
 
Quel est votre plus beau souvenir en tournoi live ? Le pire ?
 
Mon plus beau souvenir reste l'EPT Deauville en 2013 . C'était mon premier EPT, qualifié par satellite, et j'avais atteint les places payées en étant très longtemps dans le Top 10. J'ai enchaîné dans la même semaine avec le High Roller où j'ai fini troisième. J'étais avec pas mal de copains, notamment Franck Kalfon, finaliste du Main Event. C'était vraiment une bonne atmosphère. Mon meilleur souvenir n'est pas une victoire, c'était un tout. Quant à mon pire souvenir, il faut remonter à mes débuts. J'avais fait la bulle du satellite pour un tournoi WPT 7 500 euros à l'ACF. A l'époque, c'était un tournoi qui n'était même pas envisageable pour moi et je me souviens avoir fait la bulle sur une confrontation deux Dames contre deux Valets.
 

Crédit photo Unibet
 
Vous faites partie de la Team Pro Poker&Associés. Quel rapport entretenez-vous avec la plateforme ?
 
Poker&Associés m'a approché peu avant ma victoire lors du BPT Enghien 2014. Notre rencontre s'est faite un peu au hasard. J'avais gagné une de leurs promotions, un freeroll pour un package FPS à Cannes-Mandelieu. On y était allé avec Aurélie (NDLR Quelain, sa femme), le courant est vite passé. Ensuite, j'ai entendu dire qu'ils souhaitaient monter une équipe et qu'ils étaient intéressés par mon profil. J'étais plutôt content. Depuis début 2015, je suis donc Team Pro Poker&Associés. L'équipe est vraiment au top, avec Manu (NDLR Emmanuel Fernandez, un des responsables) qui s'occupe de ça, cool et professionnel.
La Team a beaucoup changé depuis le début. Il y a eu Pierre Calamusa et Aurélie qui sont partis ensuite chez Winamax, il y avait un noyau dur avec Jessy Marillaud et Jonathan Therme de PokerSphère, moi je remplaçais Cyril Delaire, puis ils ont pris Louis Linard et Clément Thumy. Aujourd'hui, ils sont partis sur une autre optique en développant un nouveau site Internet. La plateforme se rapproche du poker amateur, mais en même temps, cela nous permet de faire des tournois sympas, dans une bonne atmosphère avec un encadrement pour tout ce qui est fiscalité notamment. A chaque fois qu'on se retrouve, on est une vraie bande de potes.
 
Avez-vous déjà été approché pour un autre contrat de sponsoring ?
 
Je n'ai jamais vraiment été approché. Je sais que j'ai été sur une shortlist à un moment donné pour une room mais ça ne s'est pas fait. J'avoue que c'est quelquechose qui me ferait plaisir même si je suis content d'être chez Poker&Associés pour toutes les raisons que j'ai cité. C'est sûr qu'un contrat avec une room m'intéresserait par rapport à la valeur des tournois joués. Si j'avais cette occasion-là, je pourrai jouer les classements un peu plus à fond. J'ai beaucoup gamblé par le passé en jouant des tournois hors BR, plutôt avec réussite d'ailleurs dans l'ensemble. Mais après il y a des priorités et jouer tous ces tournois-là avec sa propre bankroll, c'est du suicide. C'est un peu dommage, c'est un petit manque mais aujourd'hui je pense que c'est un peu tard, donc tant pis, on verra.
 
Comment gerez-vous votre bankroll ?
 
Je n'ai pas une gestion de bankroll aussi stricte que je le devrai, peut-être aussi parce que j'ai confiance en mon jeu et je ne pense pas que ce soit du spew de buy-in ces tournois-là, mais je vends des parts. J'estime que ça lisse la variance et que ça me permet de faire d'autres tournois. C'est aussi sympa de faire kiffer les potes. Je préfère faire plusieurs tournois à 1 500/2 000 euros en étant stacké plutôt qu'en faire un à 100%. Les gros tournois de toute façon sont assez loins, à part Monaco et Barcelone. Tant que je ne suis pas sponsorisé, je ne pense pas à aller à Macau ou au Panama, ce n'est pas envisageable. Je ne me vois pas faire 7 ou 8 heures d'avion pour aller jouer un 5 000 dollars avec tous les frais que cela engrange. Je préfère continuer à faire le circuit français et prévoir un beau séjour à Las Vegas.


Vous partagez votre vie avec une joueuse professionnelle également (NDLR Alexandre est marié avec Aurélie Quelain, ex-Team Pro Winamax). Qu'est-ce que cela change au quotidien ?
 
Ce qui est bien, c'est que l'on a les mêmes horaires. On peut vraiment profiter l'un de l'autre. L'un comprend toujours l'autre sur l'envie et le temps passé à jouer. Quand ça ne se passe pas bien pour l'un, mais bien pour l'autre, on peut essayer de s'aider, de se remonter le moral. Mais le jour où ça ne va pas bien pour les deux, ça devient problématique financièrement car on n'a pas de revenu fixe. Avec Aurélie, on s'en sort, on arrive toujours à s'aider l'un et l'autre.
On ne parle pas beaucoup technique à la maison, on fait quelques review ensemble, on regarde quelques vidéos, mais ça ne prend pas une part importante de notre temps. On s'était fait un challenge online pour se motiver un peu sur des tournois entre 5 et 20 euros de buy-in, pour l'aspect compétitif et marrant. On n'a pas de grosses discussions techniques. On travaille chacun de notre côté. Comme on a pas le même style de jeu, c'est difficile de travailler ensemble.
 
Quels sont vos objectifs à court,moyen et long terme, dans le poker et en-dehors ?
 
Je n'en ai pas encore pour ce qui concerne le hors poker. Au début de l'année par contre, je me suis fixé des objectifs assez élevés en terme de poker, en me disant que je ne l'avais jamais fait . Je vais donc essayer de les atteindre à moyen terme. On verra à la fin de l'année si c'est respecté.
 
Propos recueillis par Florence Mazet.

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