TECHNIQUE : Définition de range, cap ou pas cap ? 1/2


TECHNIQUE : Définition de range, cap ou pas cap ? 1/2

Retrouvez l'article technique de notre coach Vuong Than Trong extrait du magazine n°126


En deux exemples parfaitement révélateurs, notre coach met en avant les (lucratifs) avantages d’une parfaite évaluation de la force max du range de main adverse pour prendre la meilleure décision, que ce soit un bluff ou un value bet, en utilisant au passage l’overbet avec une redoutable efficacité pour exploiter sa propre range perçue.
 
Toujours sur mon petit confort de poker online, je vais à travers deux coups joués, vous expliquer ma stratégie de jeu face à des ranges appelées “capées”. C’est à dire définir la meilleure main de notre adversaire sur un board qui nous est avantageux, et comment construire ses ranges afin de jouer au mieux une situation qui doit nous être profitable.
 
PREMIERE MAIN
 
Attaquer des ranges capées 
 
Variante : No Limit Hold’em
Nombre de joueurs à table : 5
Blindes : 2 €/4 €
Mon tapis : 558 €
Ma position : CO
Ma main : AK
Vilain : BB
Stack Vilain : 1122 €
 
Blindes : 2 €/4 €
 
Vilain (Big Blind) 1122 €   
Vuong (Cut-off) 558 €   
 
Je dispute ici un coup face à un bon joueur régulier, plutôt collant; il n’aime pas passer ses mains fortes, dans la mesure du raisonnable bien entendu. J’effectue une relance en fin de position et seul cet adversaire défend, de grosse blinde. Je joue donc un coup en position, avec une des meilleures mains de départ possibles. Premièrement, je peux penser qu’il ne possède pas une main de départ forte, je suis presque certain qu’il relance 100% du temps avec JJ-KK, AK AQ, voir AJ et TT. 
 
Flop :     
 
Au flop, je suis monstrueux, je possède le jeu max. Mon adversaire check. Je possède un avantage de range énorme ici, puisque je détiens tous les brelans, doubles paires, toutes les quintes. Mon adversaire quant à lui possède des doubles paires, des quintes comme K9 et 89, mais aucun brelan, ni AK. Sa range est donc capée à K9, pour la seconde quinte. Possédant moi-même un roi, je bloque ses combos de K9tt. Sa range est plus faible que la mienne. Il m’est donc possible d’avoir une bonne stratégie de bluff ici. Je vais donc miser très fréquemment, et peux opter pour une range d’overbet, en mixant les bluffs et les mains pour value. 
 
Sans tenir compte uniquement de la main précise que je possède, à cet instant la quinte max donc le meilleur jeu possible au flop, mais de toutes les mains avec lesquelles je voudrais continuer le coup en misant, il me semble intéressant d’overbet. Mon adversaire fera face à une grosse pression sur les cartes à venir. Je lui annonce clairement que l’abattage lui coûtera cher. Je peux le faire avec des bloqueurs sur les quintes, comme avec KT par exemple, T9, Ap5p. Ce coup est intéressant puisqu’il illustre parfaitement le panel de mains variées que je peux avoir.
 
En misant plus que le pot avec mes bluffs, mes quintes et quelques brelans, en mixant bien les fréquences, il sera difficile pour mon adversaire de riposter, ce flop est à mon avantage.
 
Bien évidemment, je ne compte pas miser toutes mes mains en overbet ici, une partie de ma range souhaite continuer en misant plus petit, comme 33% ou 50% du pot. Afin de ne pas être lisible, j’inclus des jeux forts dans cette partie de ma range, et je vais choisir 25% du temps AK ou mes brelans pour rester équilibré et impossible à lire. Si mon adversaire se couche trop souvent au flop, il sera exploitable, il va donc être obligé de choisir minutieusement les mains avec lesquelles continuer. Je place donc une mise à environ 140% du pot, et mon adversaire paie. Il y a un joli tirage couleur possible. S’il ne se complète pas, je peux continuer à overbet, tout en le faisant avec les quelques mains qui constituent de bons bluffs.
 
« Sa range est plus faible que la mienne. Il m’est donc possible d’avoir une bonne stratégie de bluff ici. Je vais donc miser très fréquemment, et peux opter pour une range d’overbet, en mixant les bluffs et les mains pour value. »
 
Turn :  
 
La turn n’apporte rien, et je poursuis sur ma stratégie lorsque mon adversaire check à nouveau. Je place donc un deuxième overbet. Tout comme au flop, mon adversaire paie. Je ne retiens aucune lecture du temps utilisé pour prendre sa décision.
 
River :  
 
La river est une belle brique et mon adversaire check à nouveau. Il serait d’ailleurs très surprenant de le voir effectuer une autre action. La couleur n’est pas rentrée, je possède toujours le jeu max. La plupart de mes bluffs n’ont pas de possibilité de gagner à l’abattage, et je possède des bloqueurs sur les jeux très forts de mon adversaire, souvent un K ou un 9, ou un As pour le tirage couleur raté. Ces mains nécessitent de pouvoir remporter le coup, donc de bluffer, DONC de la fold equity. Mon tapis est parfait pour effectuer le troisième et dernier overbet. Il est important d’avoir une bonne fréquence de bluffs et de values ici, si je ne joue jamais AK de cette manière par peur de faire fuir mon adversaire, il sera facile pour lui de payer plus souvent que la normale, puisque je manquerai de mains fortes. Je mise donc l’intégralité de mes jetons, même si mon adversaire était préparé à cette éventualité, il prend un temps de réflexion, avant de payer avec Q9, la paire max du flop, avec un bloqueur sur la quinte du bas. Son call ne me semble pas horrible, il ne bloque pas de tirage couleur, il y a donc un peu plus de bluffs chez moi. Sachant que je ne joue pas de cette manière avec KQ et AQ, du moins à la river, et qu’il lui faut des mains autres que quintes pour me payer, Q9 semble un bon candidat à choisir.
 
Rendez-vous dans quelques jours pour découvrir la deuxième main.
 
Par Vuong Than Trong, coach et joueur professionnel
 
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