STRATÉGIE : deux mains pour une victoire, par Sarah Herzali (1/2)


STRATÉGIE : deux mains pour une victoire, par Sarah Herzali (1/2)

Dans le LivePoker n°128 spécial Girl Power, la pro PMU Sarah Herzali était revenue sur deux mains décisives jouées lors de sa victoire au FPO St-Amand-les-Eaux en septembre 2018. Premier extrait.


Pour son numéro spécial Girl Power, LivePoker avait demandé à Sarah Herzali de revenir sur la stratégie mise en place lors de la table finale du France Poker Tour, disputé à Saint-Amand-les-Eaux, qu’elle a remporté pour un gain de plus de 26 000 €. La ravissante pro du Team PMU nous détaille notamment deux mains clés qui lui ont donné la victoire. 

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Cette entame de table finale est dans la continuité de mon tournoi, joué pratiquement du début à la fin avec une vingtaine de blindes. Une épreuve durant laquelle j’ai travaillé ma patience et mon jeu short stack... Je commence donc cette finale avec un stack à peine moyen, environ 20 blindes, et je n’ai du coup que peu de latitude, d’autant que j’ai plutôt une mauvaise position, avec Quentin Roussey et Julien Montois à ma gauche, deux joueurs agressifs et compétents. Je ne peux pas faire grand-chose, du coup je n'ai pas eu d’autre choix que de poursuivre la même option de jeu que pour la majeure partie de mon tournoi, à savoir adopter une stratégie solide, et de respecter l’ICM.

Mais la situation va enfin changer puisque je remonte en sortant des joueurs encore plus shorts que moi (si, c’est possible). J’avoue d’ailleurs avoir eu une réelle réussite dans ce tournoi en remportant les confrontations à tapis – même si j’étais souvent devant. Bref, nous ne sommes plus que six à table et avec un tapis d’une trentaine de blindes. J’aurais pu commencer à me montrer plus active mais avec des joueurs aggros sur ma gauche, mais je choisis de continuer ma stratégie de jeu solide jusqu’à un coup clé qui va me propulser dans des sphères plus confortables et me permettre enfin de viser haut.

Connaissant le profil de mon voisin de gauche Quentin Roussey qui est extrêmement aggro, je prends l’option de limp en bataille de blindes avec ma paire de Valets. Comme je l’espérais ou plus précisément comme il était légitime de l’anticiper vu son style de jeu, Roussey décide de shove depuis sa grosse blinde pour approximativement 28BB, évidemment je paie. Le plan de le “trap” se déroule alors comme prévu, il a A2o et je suis donc largement favorite, encore fallait-il que le croupier ne fasse pas de blagues. Heureusement un board sans histoires me laissera l’avantage et m’offrira un tapis d’environ 60 blindes, le plus confortable – et de loin - jamais eu dans ce tournoi ! 

PREMIERE MAIN
Grosse confrontation

Contexte : FPO St-Amand-les-Eaux Main Event 600 € Finale
Variante : No Limit Hold’em
Blindes : Blindes 25 000/50 000, ante 50 000
Mon tapis : 3 000 000
Ma position : Cut-off
Ma Main :   
Vilain : Small blind
Stack de Vilain : 4 000 000 
Table

Sarah Herzali (Cut-off) Kamel Atoui (Small Blind)

1 500 000 4 000 000
            
Pré-flop : Sarah raise 125.000€, Atoui call, Big Blind call
Flop :    
Blinds check, Sarah bet 150.000, Atoui raise 350.000, Big Blind fold, Sarah call
Turn :  
Atoui bet 450.000, Sarah call
River :   
Atoui bet 450.000, Sarah raise all-in 2 100 000, Atoui call

A peine quelques mains plus tard, sans que rien de notable ne soit survenu, je vais disputer un coup décisif. Trois jours de patience vont en effet trouver leur récompense avec cette main qui va me propulser dans le fauteuil convoité et toujours agréable de chipleader alors que nous ne sommes plus que cinq joueurs. Il s’agit d’une très grosse confrontation contre Kamel Atoui qui était énorme à cet instant et finira d’ailleurs runner-up de ce France Poker Open. Depuis le Cut-off, alors que les blindes sont à 25 000/50 000, ante 50.000, j’open à 125.000 avec   , il paie depuis la petite blinde tout comme le joueur en grosse blinde.

Flop :    

J’ai un beau tirage quinte max, après le check de mes deux adversaires, j’envoie un continuation-bet de 150.000. Kamel place alors un check/raise pour 350.000. Le troisième larron s’enfuit et avec ma main je décide fort logiquement de payer étant en plus en position.

Turn :  

Bingo ! Kamel poursuit son agression et envoie 450.000 cette fois. Avec ma quinte max je prends mon temps, je réfléchis à relancer un instant, mais j’abandonne rapidement cette option, je préfère payer après une réflexion que j’espère suffisamment longue pour ne pas montrer la force de ma main, car je sais qu’il est capable de transformer sa main en bluff. Kamel est en effet un joueur très agressif, qui n’hésite jamais à bluffer, surtout s’il sent une faiblesse chez son adversaire. 

River : 
 

La rivière tombe, j’avoue que je ne me souviens plus exactement de quelle carte il s’agissait, mais une chose est certaine c’était la plus anodine des briques (NDLR :  ) ! Kamel mise de nouveau 450.000, et très vite je shove pour un peu plus de 2 millions. Il n’y a rien à dire sur ce move, avec les tapis que nous avions et ma main, je n’avais qu’à espérer qu’il détienne une main suffisamment forte pour me payer. De toute façon, relancer sans partir à tapis avec un stack de 2 millions sur un raise à 450.000 aurait montré encore plus de force. Après plusieurs minutes de réflexion, il décide de call avec    qui avait fait deux paires max. Une main forte, mais peut-être qu’il aurait pu la folder : j"ai du mal à penser que je pouvais représenter un bluff dans cette configuration.

Après ce coup décisif, je deviens donc assez largement chipleader et je commence à jouer pour la win en mettant pas mal de pression sur les deux short stacks qui possèdent à peine dix blindes et plus encore sur celui ayant un peu plus, en l’occurrence Julien Montois nanti d’une petite vingtaine de blindes qui se trouvait juste à ma gauche et à qui je pouvais voler systématiquement la grosse blinde. Cela m’a permis dans un premier de temps de grappiller de précieux jetons et ensuite de l’éliminer. 

A suivre...

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