ITW - Yoh_Viral, le joueur multicartes


ITW - Yoh_Viral, le joueur multicartes

Depuis la mi-avril, Johan Guilbert a débuté un nouveau chapitre de sa carrière en intégrant la Team Pro PMU Poker.


Depuis maintenant sept ans qu’il a chopé le virus du poker, Johan Guilbert alias "Yoh _Viral" oscille entre plusieurs vies, alternant cash-game, tournois, live, online, coaching, coloc’ et vie en solitaire. Depuis la mi-avril, Yoh a d’ailleurs débuté un nouveau chapitre de sa carrière en intégrant la Team Pro PMU Poker. Ce grinder/liver (on ne sait plus trop), aux innombrables victoires online mais dont la meilleur perf’ en live reste une 337ème place au Main Event des WSOP 2012, va maintenant tenter de s’offrir un premier titre d’envergure. A moins que ce "Twitcher" à succès ne préfère ses parties High-Stakes… Interview d’un joueur épanoui.
 
Bonjour Johan, tu reviens tout juste de l’EPT Grand Final, où tu as beaucoup joué (interview réalisée le 9 mai, ndlr). Quel bilan tires-tu de ton séjour monégasque ?
J’ai dormi quatre heures par nuit pendant dix jours, car on commençait à midi tous les jours pour les tournois, et je jouais ensuite en cash-game, dont la salle ferme à 5h30. Globalement j’ai bien bossé, moitié cash-game et moitié tournoi, car j’ai fait 28e sur 1160 dans les FPS, plus deux jours d’EPT. On n’est jamais satisfait si on ne fait pas top 3, mais un ITM sur deux tournois, sachant que les pros font en moyenne un ITM sur quatre tournois, c’est satisfaisant avec le recul !
 
Toi qui recommences tout juste les tournois live, es-tu content de ton jeu dans ces deux épreuves ?
Au niveau de mon jeu, ça va. Quand j’étais joueur de tournoi uniquement, j’avais du mal à faire fructifier ma bankroll. Puis, je me suis mis au cash game online : je bougeais moins, je ne gaspillais pas l’argent dans les voyages, et ma bankroll a vraiment augmenté. Du coup j’étais beaucoup plus détendu quand j’ai recommencé les tournois live, car j’étais plus serein dans mon jeu et j’avais plus de bankroll. C’est ce que je conseillerais à n’importe quel grinder qui est stressé ou en tilt en sortant d’un tournoi live : se poser chez lui et revenir sur le terrain après avoir monté une vraie bankroll.
 
Penses-tu aujourd’hui avoir encore le niveau pour t’inscrire aux plus beaux tournois ?
C’est quand même dur de dire qui est vraiment fort en tournois live et qui ne l’est pas. Il y a de très bons joueurs qui ne perfent jamais en tournois live… Moi je ne sais pas trop où j’en suis. Ca ressemble énormément aux tournois online, et j’essaie toujours de me tenir au courant de ce qui se fait de mieux techniquement dans les tournois. Je ne me repose pas sur mes acquis.
 
 « Je vais rester moi-même, avec ou sans contrat : quelqu’un d’un peu fou, qui essaie de s’amuser dans un monde où les gens se prennent beaucoup au sérieux. »
 
Tu as joué les plus grosses tables de cash game live à Monaco. Comment y être gagnant ?
En cash-game, je suis habitué depuis plus d’un an à la 25/50 € en live. A Monaco j’ai aussi joué en 50/100 € car la partie valait le coup. En live, il faut jouer trois fois plus haut que ses limites online, où personnellement je joue jusqu’en 10 €/20 €. Comme on ne joue qu’une seule table, il y a besoin de moins de buy-ins pour gérer la variance, et le niveau est plus faible. Quand ça se passe mal, on perd moins de blindes, et quand ça se passe bien, on en gagne plus. Sur ma table à Monaco, il n’y avait qu’un joueur amateur qui faisait un peu n’importe quoi, c’est souvent le cas sur les 25/50 €. Mais la moitié des joueurs pros ont aussi le défaut de ne plus jouer online depuis quelques années, et ne sont pas à la page au niveau technique, donc c’est plutôt toi qui les met en difficulté. Tu fais du profit avec certains pros sur ce genre de table. Bon, ça c’est bien passé, puisque j’ai fait la session la plus fructueuse de ma carrière, où j’ai gagné 40 000 €. Le bilan est positif, mais pas énorme, je n’ai pas fait le casse du siècle (rires).
 
As-tu disputé quelques-uns des plus gros pots de ta vie ?
Non, le plus gros pot de ma vie était un pot à 100 000 $ à Vegas cet hiver, avec les As contre les As. On a partagé, mais j’avais un tirage couleur à la turn et mon adversaire était devenu livide…
 
Quel pourcentage de ta bankroll serais-tu prêt à investir dans une grosse partie si elle en vaut la peine ?
Je suis prêt à mettre sur la table jusqu’à 20% de ma bankroll, si cela représente 300 blindes de la limite. Donc 7% en réalité. J’aimerai bien détenir la bankroll pour jouer les tables de 300/600 $ que des businessmen demandent parfois à ouvrir…
 
Tu as intégré la Team Pro PMU en mars dernier. Est-ce un accomplissement pour toi ?
Dans mes quatre premières années de carrière, où j’écumais les tournois online et live, trouver un sponsor était sans doute mon objectif principal. Etre sponsorisé, c’est être reconnu comme joueurs professionnel, c’est clairement un accomplissement. Ensuite j’ai abandonné l’idée : quand je voyais qu’Aubin Cazals, qui avait gagné un bracelet en 2012, n’avait pas réussi à dégoter un contrat alors que c’était un nouveau talent… Je me suis dit que je n’y arriverai pas non plus. Finalement c’est un peu comme lorsque tu rencontres une nana passionnante : quand tu cherches, tu ne trouve rien, et quand tu ne cherche pas, tu trouves ! 
 
Comment se sont déroulées les discussions avec PMU ?
J’étais parti jouer en cash-game live à Las Vegas pendant un mois. Ils m’ont contacté par Facebook en octobre ou novembre pour me dire qu’ils aimaient bien mon Twitch. Ensuite je suis allé au grand prix d’Amérique en janvier avec Sarah Herzali, et le lendemain je suis allé au siège de PMU. J’ai signé mon contrat après avoir terminé La Maison du Bluff. PMU était d’accord avec le fait que je la fasse, et avec PokerStars ça ne posait pas de problème, Alexis Laispker était au courant et était content pour moi.  Certains pensent que j’ai déjà été sponso PokerStars, mais si j’avais un pique rouge sur le site c’est parce que j’avais été coach.
 
Etais-tu surpris que PMU s’intéresse à toi alors que tu es assez marqué PokerStars ?
Je pense qu’ils se sont intéressés à moi car j’ai une émission Twitch qui marche bien, et en 2016 c’est très dur de se faire sponsoriser en faisant juste des perfs. On recherche des gens qui draine une communauté, comme des sportifs, des peoples… Je n’en fait pas partie, mais je fais un peu de bruit dans le poker avec une émission qui se veut fun, que les gens aiment bien le dimanche sur Twitch, un truc interactif où je fais gagner des cadeaux, avec un chat... Je pense que c’est cela qui leur a plus, c’est la vraie raison qui fait qu’ils m’ont contacté. En faisant cette émission, je me disais qu’il était possible qu’un jour un sponsor vienne me voir, et c’est arrivé plus tôt que prévu.
 
Quels autres atouts ont fait la différence avec les autres candidats ?
Ils m’ont dit qu’ils aimaient bien mon profil de joueur de cash-game online. J’étais respecté par les autres joueurs en tant que bon joueur, ça leur plaisait aussi évidemment.
 
Quelles qualités et traits de ta personnalité vas-tu mettre en avant chez PMU ?
Je vais rester moi-même, avec ou sans contrat : quelqu’un d’un peu fou, qui essaie de s’amuser dans un monde où les gens se prennent beaucoup au sérieux.
 
Quels sont tes plans et tes idées pour le futur de ta chaine Twitch ?
Cette année, il y aura plus de cadeaux et de tickets pour les viewers. Pour quelqu’un qui n’a pas forcément la bankroll et ne veut pas investir d’argent, je fais gagner des tickets entre 10 et 200 € pour les satellites Punta Cana. PMU m’a transformé en Père Noel (rires). Plein de cadeaux, plein de conneries. J’invite les gens à se connecter le dimanche soir à partir de 20h sur www.twitch.tv/yoh_viral
 
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Toi qui n’a pas de page Facebook personnelle, ce contrat t’oblige t-il à renforcer ta présence sur les réseaux sociaux ?
Avant, sur Facebook, je passais ma vie à regarder les murs des autres et je ne travaillais pas beaucoup, donc j’ai juste fait une page publique pour pouvoir annoncer des émissions, pour pouvoir tenir au courant les gens de ce que je fais. Après, je ne vais pas changer mes habitudes, PMU ne m’a donné aucune consigne et ne veulent pas changer ce que je fais. Mais c’est vrai que je fais plus de vidéos sur Snapchat, et je serai aussi présent sur Periscope en direct des tournois WPT National. Je l’ai fait en cash-game à Monaco, PMU sera content, et ça me fait rire.
 
As-tu des contraintes en terme de présence sur PMU.fr ?
Ils n’ont pas mis l’accent sur ma présence online, car ils savaient que j’étais déjà très présent sur PMU. Je vais essayer de jouer en cash-game pendant la semaine, et en tournoi le dimanche. En Texas Hold’em, en PLO, et à tous les niveaux de buy-in et jusqu’au limites les plus hautes (5/10 €). Je n’ai pas d’enveloppe financière pour mes sessions online, juste pour le live. 
 
Quel sera ton volume de jeu en live durant ton contrat ? 
Il sera assez conséquent, au moins 50% de mon volume total. Je jouerai tous les EPT, les WPT Nationaux… Je vais aussi passer un mois et demi aux WSOP, du 6 juin au 20 juillet, avec au programme le Main Event à 10.000 $ et un 5000 $ Six-Max. Je préfère mettre l’accent sur les gros tournois, même si j’en fait peu. Mon objectif sera de gagner un tournoi en seulement 10-15 participations dans l’année, ça défierait un peu les statistiques ! En cash game, je compte jouer les 50/100 $ de Las Vegas au Bellagio, à l’Aria, au Wynn et au Encore. 
 
« Mon objectif sera de gagner un tournoi en seulement 10-15 participations dans l’année, ça défierait un peu les statistiques ! »
 
Que penses-tu de la composition de cette nouvelle Team PMU ?
Je les connais tous. J’ai déjà partagé ma chambre avec Erwann en 2013, durant un IPT San Remo. Je m’entendais très bien avec lui, c’est un top reg de mtt online qui a prouvé pas mal de choses en live. Sarah, j’avais passé quelques soirées à Vegas et à San Remo car on avait des amis en commun. J’ai aussi joué avec elle en cash à Vegas, c’est pour moi une bonne joueuse pro de live, qui a des bons reads sur ses adversaires. C’est probablement la joueuse française la plus agressive que je connaisse. Pierre est quelqu’un que je n’ai jamais rencontré, mais souvent en fin de MTT Online, je vois son pseudo « L’Enchanteur ». Il faut lui passer sur son corps pour gagner, c’était un peu le boss de fin en MTT online ! C’est un des joueurs les plus réguliers online depuis le début du .fr. On s’est réuni pour la première fois à Monaco mais même si on est une Team, le poker reste un sport individuel, donc on ne peut pas vraiment avoir d’objectifs communs.
 
Tu es retourné vivre à Malte il y a deux ans après une parenthèse en Sardaigne. Comptes-tu encore bouger dans le futur ?
Après une première coloc’ à Malte puis en Italie, je vis tout seul maintenant, et j’ai beaucoup de chance : je me lève quand je veux, je fais du sport avec un coach chaque jour, après je vais au spa, ensuite on va au resto, puis ma nuit de travail peut commencer. Je pense rester à Malte jusqu’à la fin de ma carrière, car j’ai trouvé mon rythme et j’aime beaucoup vivre ici.
 
Vaut-il mieux vivre en colocation ou en solo pour devenir un grinder online performant ?
La coloc’ est très importante au début pour se lancer dans une carrière de joueurs pro, si possible avec des gens qui sont meilleurs que vous pour progresser plus vite. Mais passé un certain stade, vous aurez besoin d’être seul pour travailler dans de meilleures conditions. Car à un moment, la coloc’ te tire vers le bas : il y a toujours un mec qui veut sortir, un mec qui run bad, et ça va être dur de jouer son A-Game sur le long terme. Je ne renie pas tout ce que ça m’a apporté, mais vivre seul a fait la différence par la suite : je n’ai jamais travaillé aussi bien. 
 
Propos recueillis par Maxime Arnou

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