MAGAZINE : LivePoker N°121 - Mars 2018

Edito

Retraite, partir pour mieux revenir ? 

C’est un mouvement nouveau qui s’est accéléré depuis quelques mois et qui me frappe ou tout au moins m’étonne. Je veux parler des retraites prises ou plus exactement annoncées par de nombreux joueurs de premier plan, généralement jeunes et dans la force de l’âge. Fedor Holz, Mikka Anttonen, Jason Mercier, Vanessa Selbst, Jens Kyllönen, Alex Luneau, pour ne citer que les plus récents, ont en commun d’avoir tous mis un terme à leur carrière professionnelle (parfois en mettant aussi un terme à un généreux contrat de sponsoring) à un âge où l’on est plus près d’entrer dans la vie active que de prendre sa retraite. 

Il y a encore quelques années, la ruine ou la mort étaient généralement les deux seules raisons qui pouvaient contraindre un joueur de poker professionnel à arrêter de jouer. Il est indéniable que c’est de moins en moins vrai aujourd’hui… A tel point qu’il convint de s’interroger sur cette épidémie de départ à la retraite qui – c’est un premier élément de réponse – est similaire à ce que l’on retrouve dans tous les sports professionnels. Car le poker est devenu une discipline intense, d’une folle exigence, physiquement et psychologiquement. Après quelques années au plus haut-niveau, à enchaîner efforts et sacrifices, stress, voyages, décalages horaires, et de multiples désillusions, le corps fatigue et rappelle son existence la trentaine passée alors que dans le même temps l’esprit se lasse et ressent l’envie d’horizons nouveaux et de centres d’intérêts différents. Comme dans le même temps, ces jeunes retraités ont généralement gagné et mis de côté de quoi vivre confortablement jusqu’à la fin de leur jour, il n’est finalement pas incompréhensible qu’ils aient envie de donner une nouvelle direction à leur existence. 

En tant que passionné de poker et fan de ces joueurs stars, il est triste de les voir quitter l’univers du poker professionnel, cependant il ne faut pas désespérer car la nature a horreur du vide et ces départs seront remplacés par de nouveaux talents. Et puis, on a pu constater que l’on retrouvait fréquemment ces jeunes néo-retraités à une table de poker peu de temps après l’annonce de leur retraite. Car le poker n’est pas seulement un métier, c’est avant tout une passion et ça, voyez-vous, c’est pour la vie… 

Georges Djen