ETHIQUE : Le cas Kassouf, ou quand la parole devient une arme de disqualification


ETHIQUE : Le cas Kassouf, ou quand la parole devient une arme de disqualification

Un joueur de poker peut-il être sanctionné non pas pour triche, mais simplement pour avoir exaspéré tout le monde autour de la table ? Retour sur l'attitude de William Kassouf qui a intérrogé lors des WSOP 2025 !

Il n’a pas triché, il n’a pas insulté, et pourtant, William Kassouf se retrouve au cœur d’un débat inédit : peut-on exclure un joueur juste parce qu’il est… insupportable ?

 

Une affaire qui dépasse le cadre des régles afin de respecter un gentlemen's agreement

 

 

Ce que William Kassouf infligeait aux tables n’avait plus rien à voir avec une simple stratégie de parole. Il ne jouait plus au poker, il occupait l’espace. Il vampirisait chaque seconde de réflexion pour instaurer un climat étouffant. Chaque main devenait un terrain de harcèlement verbal, chaque décision un théâtre d’usure psychologique.

Il ne trichait pas. Il ne touchait pas aux cartes des autres. Mais il empoisonnait l’atmosphère, ralentissait volontairement le rythme, et imposait sa présence à coups de bavardages incessants. Ce n’était plus du jeu : c’était du parasitage pur et assumé.

Face à ce comportement, les organisateurs des WSOP ont réagi avec sang-froid et méthode. Ils ont commencé par observer, puis ont recadré, sanctionné, averti. Rien n’a été improvisé : ils ont suivi un protocole clair. Avertissements oraux, pénalités de temps, rappels fermes à l’ordre. L’exclusion a même été évoquée. Le tout, sans jamais perdre leur calme.

Ils ne se sont pas laissés intimider. Ils n’ont pas créé une règle sur mesure. Ils ont simplement appliqué l’arsenal déjà existant : la règle 119, qui sanctionne les bavardages excessifs ; la règle 41, qui permet d’exclure un joueur pour comportement perturbateur ; et surtout la règle 51, qui offre à la direction le pouvoir d’agir dans l’intérêt du tournoi.

Car c’était bien cela, l’enjeu : protéger l’intégrité du jeu. Faire en sorte que le poker reste un affrontement d’intelligence, pas une guerre de nerfs orchestrée par un seul homme. Kassouf, en ralentissant les parties, en inondant la table de paroles provocatrices, n’était plus dans une posture tactique : il imposait une forme de chaos.

À sa table, le rythme des mains chutait de moitié. Les joueurs perdaient en concentration, les croupiers en efficacité, le public en plaisir. Le silence, élément essentiel du poker, disparaissait sous le bruit. Le malaise était palpable. Et il durait.

Heureusement, les organisateurs et les WSOP ne sont pas restées muets

Comme elles l’avaient fait par le passé — après les débordements de Jamie Gold, les shows d’Hevad Khan, ou les problèmes d’hygiène de certains joueurs — elles ont su prendre les décisions qui s’imposaient. Sans faire de bruit. Sans créer une "loi Kassouf". Juste en appliquant les règles avec lucidité.

Le plus insidieux dans le cas Kassouf, c’est qu’il se maintenait toujours à la limite. Il ne trichait pas, mais il testait. Il ne cassait pas les règles, mais il les tordait jusqu’à saturation. Ce n’était pas un joueur en faute : c’était un joueur toxique. Et le poker, même lorsqu’il valorise la psychologie, ne peut pas tolérer qu’elle devienne une arme de destruction.

En agissant comme elle l’a fait, la WSOP a envoyé un signal fort : la parole peut faire partie du jeu, mais elle n’est pas au-dessus du jeu. Lorsqu’elle devient un outil d’intimidation, un moyen de déranger, un frein à la compétition, elle perd sa légitimité et elle appelle une réponse.

Il n’était donc pas nécessaire d’écrire une règle "Kassouf". Les règles existaient déjà. Encore fallait-il les appliquer. Ce fut fait, avec mesure mais fermeté.

Ce que Kassouf a révélé, ce n’est pas une faille dans le règlement. C’est une faille dans la culture du jeu : celle qui, parfois, confond liberté et impunité. En fermant la porte à ce type de comportement, les WSOP ont rappelé que le poker, même sous pression, reste un sport de respect.

 

Et qu’aucune voix, aussi forte soit-elle, n’a le droit de couvrir celle des autres.

 

(Crédit photo : PokerNews)

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