ITW Rémi Castaignon, un an après son titre à  l’EPT Deauville : « La vie d’ElkY ne me fait pas rêver »


ITW Rémi Castaignon, un an après son titre à  l’EPT Deauville : « La vie d’ElkY ne me fait pas rêver »

Interview exclusive du vainqueur de l'EPT Deauville 2013, un an après son titre.


Il y a presque un an, Rémi Castaignon explosait sur la scène du poker français et international en s’adjugeant le Main Event de l’EPT Deauville pour un gain de 770.000 €. Inconnu du grand public à l’époque, ce grinder online qui avait gagné sa place sur un satellite n’est cependant pas devenu un joueur phare du poker français, à l’inverse du November Nine Sylvain Loosli. A quelques jours de l'édition 2014, le discret Rémi, qui cherche avant tout à se faire plaisir sur le circuit live, nous explique ce que l’EPT Deauville 2013 a changé pour lui.

Bonjour Rémi, tu as donc remporté le Main Event de l’EPT Deauville en 2013. Quels souvenirs conserves-tu de ce tournoi ?

J’avais gagné un gros coup au début du tournoi, et j’avais connu un gros rush durant le Jour 5. J’avais perdu les petits coups et gagné les coups importants.

Penses-tu encore à cette victoire aujourd’hui ?

Bien sûr, je me dis que j’aimerai bien refaire un jour un truc comme ça. Mais j’ai du mal à vraiment réaliser ce que j’ai fait, c’est difficile à décrire comme sentiment. C’était tellement énorme… Ça me parait loin. Mais quand je fais des tournois, les gens m’en reparlent, ils me demandent comment j’ai fait…

Es-tu devenu une sorte de célébrité dans ta région (Rémi réside dans le Gers, ndlr) ?

Je me suis fait chambrer pendant un petit moment. Mais par chez moi, personne ne joue donc je n’ai pas été embêté de ce côté-là. Ils n’ont pas trop compris ce que j’avais fait. On m’a juste suivi sur Internet. Mais ce qui est marrant, c’est le décalage lors des autres tournois que j’ai joué après : ils ne comprenaient pas pourquoi je ne gagnais pas ! Après ce n’est pas une chose dont je parle tous les jours…

On sait que lorsqu’un joueur réussit un tel exploit, il doit faire face à de nombreuses obligations, notamment au niveau médiatique. Comment as-tu géré cet aspect de ta perf' ?

Meme si je n’ai pas été très médiatisé, je n’étais pas forcément connu sur mes tournois après l’EPT. Après, en en parlant avec les gens... C’est vrai que j’ai coupé court au début, donc je n’ai pas eu de sollicitations particulières. Après ce n’est pas forcément ce que je cherchais, on m’a conseillé de rester dans l’ombre car j’avais déjà été suffisamment médiatisé. Avec tout ce qui se passe pour les pros français, ce n’est pas très bon d’être partout en une. A part flatter mon ego, je ne voyait pas l’intérêt de me mettre en avant.

Cette victoire a-t-elle changé ton quotidien et ta vie de joueur de poker ?

Pas vraiment. Je me suis fait des petits plaisirs, mais pas de voiture de sport ou de trucs ballas comme ça. Après Deauville, je me suis surtout fait plaisir en 2013 en jouant de beaux tournois que je rêvais de faire. J’ai fait trois EPT, comme Berlin, Monaco, Prague, je suis allé au WPT Paris, je suis allé à Vegas pour les WSOP, je me suis qualifié en live pour les WSOPE… Avant, j’arrivais juste à en jouer un tournoi comme ça par anun en me qualifiant. Sur Internet, Je jouais déjà les 50 €, 100 € et 300 € sur Winamax donc à ce niveau je joue les mêmes tournois qu’avant.

N’as tu pas cherché à augmenter le rythme avec ta bankroll toute neuve ?

Je travaille toujours dans les assurances. Le rythme de jeu est resté identique même si j’ai pu prendre quelques congés pour jouer les beaux tournois. C’est la seule différence. Le poker reste un loisir. Les gros tournois coûtent vite cher. J’ai laissé venir pendant un an en me disant « on verra au niveau de mes résultats ».

Winamax, la room sur laquelle tu joues le plus, t’avais-t-elle proposé une collaboration après Deauville ?

Je n’ai pas eu de proposition… S’ils m’avaient  proposé quelque chose, j’aurai réfléchi bien sûr car ça aurait été difficile de refuser. Mais je n’ai pas couru après ça, je n’ai pas cherché à apparaître sur des blogs ou des réseaux sociaux, ce qui est indispensable pour décrocher un contrat de nos jours.

Qu’as-tu fait l'argent gagné ?

J’ai investi dans l’immobilier. Le fait d’être dans le flou me pousse à en garder une grande partie, on ne sait pas ce qui peut arriver demain, même si je suis un joueur amateur. Je ne compte pas investir non plus dans le poker.

On ne t’a pas beaucoup vu sur le circuit live depuis ton titre EPT. Est-ce un choix ?
 

Je savais que j’allais garder mon boulot donc ce n’était pas possible d’aller sur tous les tournois. J’ai un petit garçon, je fais les tournois quand j’ai l’autorisation de Madame. J’aurai dix ans de moins en étant célibataire, j’en aurai fait plus c’est sûr. J’adore le poker, donc jouer durant toute une semaine ne me génerait pas, mais faire des tournois comme ça toutes les semaines, faire le tour du monde... La vie d’ElkY ne me fait pas rêver. C’est incompatible avec la vie de famille. Un tournoi par mois ou tous les deux mois, c’est mon rythme de croisière.

On imagine que tu connais maintenant du monde sur le circuit...

Je ne connaissais personne avant Deauville. Comme je suis le poker depuis un bon moment, c’était sympa de rencontrer les gens que je suivais dans les coverages, de jouer avec des mecs comme Fabrice Soulier ou Roger Hairabedian. C’est sympa d’échanger avec eux. Même si je joue en ligne, je ne connaissais pas de grinder autour de moi qui jouait le circuit. J’ai rencontré quelques gars à Deauville. Je connais plutôt les anciens, la génération 30-40 ans. J’ai un jeu issu du net, mais au niveau de la mentalité je trouve que ces gens-là sont plus intéressants. Ils ont plus de choses à raconter que les jeunes du Net qui n’ont jamais travaillé, qui ne connaissent que le poker. J’ai rencontré des personnes comme Gilbert Diaz, des entrepreneurs qui jouent au poker pour le plaisir.

Penses-tu que tu as progressé depuis un an ?

Je me sens plus à l’aise sur les tables live, mais de là à dire que j’ai progressé… Le fait de se sentir plus à l’aise est déjà un gros avantage. Je ne suis plus impressionné par l’enjeu, même si je ne l’étais déjà pas trop à la base. Ça aide à jouer du mieux possible.

Es-tu satisfait de tes performances en live depuis Deauville 2013 ?

Au niveau des performances en live, j’ai fait trois ITM en 20 tournois, dont une table finale au BPT et une bulle de TF à Prague. Je n'étais pas loin non plus aux WSOPE ou je saute à dix places de l’argent… Il y a juste le Main Event des WSOP à Vegas où je regrette un peu la main sur laquelle je saute. Après je n’ai pas forcément eu beaucoup de jeu, même si la variance sur 20 tournois n’est pas significative. Sur les MTT online, ça s'est plutôt bien passé. Après, j’ai un peu spew sur les sit’n go heads-up mais je ne joue plus que des MTT sur le Net. 

En live, je n’ai pas été impressionné par les fields, sauf à Berlin ou j’avais une table très difficile. Je ne me suis jamais fait marcher dessus, même si j’ai cotoyé tous les meilleurs joueurs comme Negreanu, Ivey ou Hellmuth aux WSOP, mais aussi des jeunes comme Andrew Lichtenberger. Mais comme je ne les connais pas forcément, ça ne me dérange pas de jouer contre eux.

Quels sont tes projets et ambitions pour 2014 ?

Ce qui est sûr, c'est que je n'aurai pas un programme plus étoffé au niveau poker. Je vais même sans doute jouer moins de tournois cette année. Si je peux faire le même circuit, ce serait très bien. J’aimerai bien faire d’autres tournois qui me font envie, mais ce n’est pas compatible avec ma vie actuelle. Après Deauville, je vais faire l’EPT San Remo et peut-être Vegas si j’ai l’autorisation. Ensuite on verra.

N’appréhendes-tu pas le retour à Deauville ?

J’aimerai bien refaire un deep run, ce serait sympa. Mais je n’ai pas de pression ou d’appréhension. Je n’ai pas d’objectif particulier, à part de ne pas spew le tournoi !

Propos recueillis par Maxime Arnou

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