Les pires (ou les meilleurs) slowrolls de l'histoire


Les pires (ou les meilleurs) slowrolls de l'histoire

Qu’y a-t-il de pire pour un joueur de poker que de prendre un bad beat ? Tous vous donneront la même réponse : subir un slowroll !


Qu’y a-t-il de pire pour un joueur de poker que de prendre un bad beat ? Tous vous donneront la même réponse : subir un slowroll ! parce qu'à la différence d'un malheureux coup de vice du hasard, cette pratique abjecte – en plus de promettre une défaite presque inévi- table à sa victime – couvre de ridicule un joueur, trompé par la malice de son adversaire. florilège de slowrolls cruels pour certains, parfois drôles mais souvent – et heureusement - sanctionnés par les cartes...

 
Abernathy qui croyait prendre
En janvier dernier, Samantha Abernathy a réalisé la meilleure performance de sa car- rière de joueuse de poker en terminant sur la troisième marche du podium lors du Main Event des Aussie Millions. Grâce à son parcours exceptionnel, la jeune Américaine de vingt-cinq ans a d'ailleurs empoché plus de 430.000 dollars. Pourtant, le parcours de la native d'Atlanta aurait logiquement dû s'arrêter aux portes de la table nale si un coup du sort n'était pas intervenu... Alors que seulement quinze compétiteurs rêvent encore du titre de champion, Abernathy, en position de grosse blinde, voit le local Dylan Honeyman relancer UTG avec comme seule arme un As mal accompa- gné. L'Australien Mikel Habb, en petite blinde, prend alors l'initiative et envoie un peu moins d'un tiers de son stack sur le tapis. Abernathy, munie d’une paire de 6, ré échit quelques secondes puis prononce les mots voués à la condamner : "I'm all in". Honeyman abandonne le coup mais Mikel Habb, qui possède entre les mains une très belle paire de Rois, commence alors un numéro d'acteur douteux, au lieu de suivre instantanément la mise de son adversaire ! Main sur les yeux, Habb feint une décision dif cile avant de se lever pour payer, claquer ses deux cartes sur la table et exulter. "Come on ! Come on !" Le dealer dévoile un op et un turn sans danger pour Habb qui continue de fanfaronner, le bras droit tendu vers le ciel en signe de vic- toire. Mais comme les cartes punissent parfois les joueurs dépourvus d'éthique, le croupier attend la river pour retourner un 6, renvoyant Mikel Habb à ses chères études. Soulagée par son coup de chance, Samantha Abernathy écrira sur Twitter, avec une certaine dérision, qu'après cette main, tout ce qui pouvait lui arriver dans ce tournoi n'avait plus d'importance et qu'avoir "possédé" Habb valait plus que le million de dollars promis au vainqueur…

 
 
Ury up !
Si certains pensent que la sagesse est l'apanage des personnes âgées, ils n'ont jamais fait la connaissance de Jacky Ury. À pas moins de quatre-vingt dix-sept ans, l'Américain avait établi un nouveau record en 2010 : celui du joueur le plus âgé à disputer le Main Event des World Series of Poker. Connu pour sa bonne humeur et sa passion pour le poker, Ury avait disputé pour la première fois le tournoi le plus prestigieux de la planète en 2007, à 94 ans. Deux ans plus tard, en 2009, Jack Ury attire les projecteurs sur lui lorsqu'il joue un mauvais tour à un de ses compatriotes. Steve Friedlander, la victime en question, touche au op un très joli full house aux six par les sept et voit avec joie Ury miser. Friedlander envoie immédiate- ment tous ses jetons au milieu, persuadé qu'il vient de piéger le vétéran. Jack Ury, les yeux cachés par sa casquette blanche, paye sans trop hésiter et Friedlander retourne alors son jeu. Pas impatient de dévoiler ses deux cartes, Jack Ury xe son adversaire, lui explique sereinement "You're in trouble", avant de faire patienter avec malice le crou- pier et en n de claquer ses deux sept sur la table – une main qui lui assure de récupérer le pot grâce à un full house supérieur à celui de Friedlander ! Ce dernier, loin d'être dégoûté par cet écart de conduite du nona- génaire, préfère en sourire, comme tous les joueurs présents pour vivre ce coup désor- mais légendaire. Jacky Ury disparaîtra en 2011, toujours à l'âge de quatre-vingt dix- sept ans, sans avoir l'occasion de disputer une cinquième fois les WSOP ni d'inscrire une première ligne à son palmarès.

 
 
Sur le carreau
Au cours de la table finale du Main Event de l’Irish Open disputé à Dublin en 2015, Andreas Gann a tendu le bâton pour se faire battre. Avec Dame-Roi de carreau, l'Allemand défend sa petite blinde en payant une relance pré op de l'Irlandais Donnacha O'Dea. Le croupier dévoile alors un op incroyable pour Gann : As-6-8 de carreau. En plus d'offrir à l'Allemand la couleur maximum, le dealer vient de donner deux paires à son adver- saire qui se retrouve dès lors pris au piège. Donnacha O'Dea continue logiquement son offensive et met Andreas Gann à tapis, ce dernier ne possédant plus que quelques blindes. À ce moment, Gann aurait dû se réjouir du move de son adversaire et le payer sans hésiter. Le joueur amateur opte pourtant pour une autre solution. Il compte ses jetons, souf e, secoue la tête et prend son temps avant de nalement payer la mise de l'Irlandais. Les autres nalistes, stupéfaits, se demandent alors ce qui a bien pu passer par la tête de Gann ! Kevin Killeen, habitué du circuit EPT, lance un regard noir en direction de l'Allemand. Hué par le public présent pour soutenir les joueurs locaux, Andreas Gann va subir un bad beat que personne ne trouvera injuste. Le croupier retourne un sept au turn et un six sur la rivière – comme pour Samantha Abernathy – qui permet à O'Dea de remporter la main avec un full house et d'éliminer Andreas Gann puis de terminer à la cinquième place de la compétition pour un gain de plus de 60.000 €. Six for justice.

 
 
 
Un slowroll mérité ?
Quand on passe trop de temps à invectiver ses adversaires à une table, on finit par révéler chez eux des tendances vicieuses méconnues. Lors d'un épisode du show Poker Night In America, Shaun Deeb a ainsi joué un mauvais tour à Mike "The Mouth" Matusow, bien connu pour son tempérament électrique. Tout commence lorsque Shaun oppe tran- quillement un carré de cinq : avant que le croupier ait retourné les trois premières cartes, Matusow avait attaqué avec sa paire de Valets en milieu de parole et Deeb s'était contenté de payer au bouton avec deux cinqs. Armé de son overpair, Mike est décidé à aller au bout de son action et mise 1000 dollars au op avant d'envoyer son tapis sur le turn pour 4675 dollars. Shaun Deeb fait alors durer le suspense, un léger sourire en coin, et savoure déjà son mauvais coup... Lorsque l'Américain paye en n la mise de Matusow, le showdown provoque la stupéfaction de Kristy Arnett et l'hilarité de tous les joueurs présents autour de la table – y compris le croupier. Indigné, "The Mouth" s'en prend à ses adversaires et menace même Shaun Deeb de lui envoyer un coup au visage. Les excuses de ce dernier – "C'était seulement pour la télé, Mike..." – ne calmeront pas Matusow. Le mal était fait. Heureusement pour les amateurs de poker, la télé n’a pas raté ce grand moment...

 
 
Temps mort !
Apparemment, les Allemands possédaient à un moment donné un fâcheux penchant pour les slowrolls. En témoigne une main à peine croyable survenue lors de la World Cup of Poker 2010, une compétition où s’affrontaient des sélections nationales, signée Sascha Cornils, qui représentait nos amis d’Outre- Rhin. Content de voir son adversaire italien Luca Pagano ouvrir une merguez au cut-off alors qu'il détient les As au bouton, Cornils relance. En position de petite blinde, le Canadien Darus Suharto pousse tous ses jetons sur le tapis avec les Rois. Pour la forme, Pagano ré échit tout de même quelques secondes avant d'abandonner son six et son deux dépareillés. En heads- up pré op avec les As entre ses mains, Cornils n'a donc plus qu'à payer et espérer échapper à un bad beat. L'Allemand, qui a certainement envie de pro ter de ce moment, décide alors contre toute attente de demander un temps mort – une option qui permet de se concerter avec ses coé- quipiers. Loin de cette pseudo discussion stratégique, les coéquipiers de Cornils ont à coup sûr bien rigolé quand ce dernier leur a révélé sa main, "faisons semblant de parler sérieusement" étant sans doute la consigne à suivre pendant ce temps mort grotesque. Le karma ne rattrapera pas Sascha Cornils qui remportait nalement la main face à un Darus Suharto dépité. L'Allemagne termi- nera cependant cinquième de la compéti- tion, derrière Taïwan, la Croatie, le Canada et les Etats-Unis.

 
 
Petit slowroll entre amis
"C'est Phil Laak, je ne peux pas m'en empêcher..." Parfois la tentation de se moquer de son adversaire, qui plus est lorsque qu’il s’agit de l’un de vos meilleurs amis, est trop forte. Et même les meilleurs y cèdent... C’est notamment le cas d’Antonio Esfandiari, vainqueur du Big One for One Drop en 2012, lors de la saison 7 de l'émission Party Poker Premier League. Le "Magicien" était alors opposé à Phil Laak, Jonathan Duhamel et Daniel Colman. Faisant face à une relance à tapis de son pote Phil Laak qui pensait pro ter d'un bon spot, Esfandiari, qui avait ouvert une paire de Rois, s'est fait plaisir en patientant quelques instants avant d'annoncer "call" et de retourner sa main. Résultat : le croupier punira l'attitude d'Antonio Esfandiari en faisant gagner la main de Phil Laak – Dame-neuf – grâce à un neuf au op puis un autre à la rivière ! Il paraît que le hasard fait bien les choses...

 

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